[Auranesis podcast] – L’ennéagramme

Un outil puissant pour comprendre vos motivations, gérer le stress et améliorer vos relations.
frise_bleu

Dans cet épisode, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Delphine De Courville, fondatrice et directrice des écoles Auranesis, formatrice, kinésiologue et coach certifiée ennéagramme et MbTi. Elle nous fait découvrir ce qu’est l’ennéagramme, un outil de développement personnel, ses origines, ses principes fondamentaux et les applications concrètes de ce modèle. Contrairement à d’autres approches de typologies comportementales, l’ennéagramme se concentre sur les motivations inconscientes qui régissent nos actions et réactions.

Dans cet échange, vous apprendrez comment cet outil permet d’explorer les neuf dynamiques de personnalité et de mieux comprendre ses propres comportements ainsi que ceux des autres. Vous découvrirez également comment l’auto-observation favorisée par l’ennéagramme aide à identifier ses tensions internes, apaiser les situations de stress, et renforcer la qualité des relations interpersonnelles, que ce soit au sein de la famille, du couple ou dans l’environnement professionnel.

 

 

Maud Andréa

A titre personnel et dans le monde de l’entreprise, on entend souvent parler des outils comme le Mbti, le disc, le process com, et assez peu de l’ennéagramme.

Outre le fait de savoir que ça signifie neuf figures ou neuf lettres, est-ce que tu pourrais nous donner ta définition de l’ennéagramme en quelques mots ?

Delphine De Courville

C’est un modèle qui est moins connu que les autres, en tout cas dans le monde de l’entreprise. Ennéagramme signifie neuf lettres. Si on regarde le schéma, l’ennéagramme est symbolisé par un cercle, et on pourrait dire que ce cercle représente la terre, et sur laquelle neuf dynamiques de personnalité sont positionnées, les unes à côté des autres, de un jusqu’à neuf. Et on peut imaginer que chacun de nous naît sur un point de ce cercle, proche d’une dynamique qu’on appelle également base de l’ennéagramme. Il s’agit de neuf manières de voir le monde. Neuf paires de lunettes qu’on a tous sur les yeux, on en a tous une en particulier qui fait qu’on va voir le monde de cette manière là. Si est toutes les deux, moi je porte des lunettes, et toi peut être occasionnellement, si on échange notre paire de lunettes, pourtant on va regarder la même chose, mais on ne va pas y voir la même chose, ou pas de la même manière, ici c’est un petit peu la même chose. Donc on a neuf manières de voir le monde.


Maud Andréa

Avant d’aller explorer ces neuf paires de lunettes, peux-tu nous dire d’où vient cet outil ?

Delphine De Courville

Les origines sont très anciennes, on peut même dire qu’elles précèdent la psychologie au sens où on la connaît aujourd’hui. On retrouve les bases de l’enseignement de l’ennéagramme chez certains maîtres spirituels dans le monde entier. Mais c’est véritablement dans les années 1970 que deux universitaires, qui sont en tout cas référencés dans l’historique de l’ennéagramme, Oscar Ichazo et Claudio Naranjo, confrontent l’ennéagramme à la psychologie. Ce sont eux qui ont importé ce modèle à la psychologie. Et depuis lors, l’ennéagramme ne cesse de montrer sa puissance et sa pertinence pour mettre en avant les motivations inconscientes présentes dans nos modes de fonctionnement. Et c’est véritablement la singularité de l’ennéagramme, c’est-à-dire qu’on peut visiter quelles sont nos motivations inconscientes et pas seulement nos manières de fonctionner. 

Maud Andréa

Les autres outils dont on parlait plus haut étaient plus axés sur les comportements ?

Delphine De Courville

Exactement. Ici, il ne s’agit pas de faire de la caricature et d’associer des comportements à des bases. Malheureusement, c’est ce qui se fait encore beaucoup, mais c’est plus subtil que ça. Là, ce sont vraiment nos motivations inconscientes.

Maud Andréa

Pour des personnes qui ont déjà travaillé sur elles, qui sont dans le développement personnel, et puis pour des celles qui découvrent, peux-tu nous expliquer quel est l’intérêt de se former à l’ennéagramme ? Est-ce qu’on va en apprendre plus sur nous ? Est ce qu’on va en apprendre plus sur les autres ?

Delphine De Courville

Je découperai la question en deux. 

Se former à l’ennéagramme, c’est-à-dire être coach certifié ennéagramme, c’est une chose. Ça va permettre d’accompagner les autres à faire cette découverte, ce chemin vers soi où son métier l’amène à accompagner les autres.

Et suivre des formations, des stages en ennéagramme, qu’est-ce que ça peut nous apporter ? Tout simplement découvrir qui on est. Alors ça a l’air un peu new age dit comme ça, mais finalement, est ce qu’on se connaît si bien que ça ? Pas sûr. Donc ce qui est important c’est de pouvoir faire le chemin vers soi par le biais de l’auto-observation, parce que l’ennéagramme insiste beaucoup là-dessus. Personne ne va dire, ou en tout cas les formateurs sérieux, “toi tu es base une, toi tu es base deux, etc.” Chacun doit le découvrir, c’est l’objectif c’est de s’auto-observer, de repérer ses mécanismes profonds. Donc ça va nous permettre de nous connaître en profondeur, pas juste superficiellement, avec des qualités qu’on a tous. Au quotidien, où on peut être gentil, agréable, sympathique, etc., tout le monde peut être serviable, rigoureux, anticiper, évidemment tout le monde peut être ça dans la vie. Il ne s’agit pas de mettre en avant ce que l’on voit de nous, mais bien au contraire ce qui nous motive d’une manière totalement inconsciente. Donc on va visiter qui on est, faire ce chemin vers soi pour découvrir ses atouts, mais aussi ses tensions internes. C’est-a-dire quand je suis sous stress, je vais osciller entre deux postures : celle qui est mon élan naturel quand je n’ai pas de stress, et celle qui va venir me fermer la porte et qui va me mettre sous stress. Et ça, on peut se rendre compte par l’auto-observation dans quelle situation est ce que j’ai l’impression de réagir différemment du quotidien. Il y a des situations où on va dire tiens, ça ne m’impacte pas, tout est ok. Donc ça veut dire que les feux sont au vert, qu’il n’y a pas de stress, qu’il n’y a pas d’enjeu affectif. Et puis parfois ça va venir nous mettre en tension. Ça peut être par exemple, une personne de base 6 qui à cette motivation profonde de la sécurité, elle va donc anticiper, elle va par nature sécuriser. Donc forcément si quelque chose se produit et qu’elle ne l’a pas prévu, qu’elle n’a pas imaginé le scénario a b c d jusqu’à z, elle risque d’être sous stress parce que ça va la mettre en insécurité. Mais si tout va bien et qu’elle est plutôt évoluée dans son processus de développement personnel, qu’elle est dans de bonnes dispositions, ça sera inconfortable mais elle saura gérer. Donc selon notre état du moment, notre chemin personnel, nos expériences de vie, nos difficultés de vie, on peut être plus ou moins évolué, ou plus ou moins dégradé. Ce n’est jamais linéaire, on n’est jamais le même lundi, mardi, mercredi, etc. Et l’avantage de l’auto-observation, c’est de se dire attention, là je sens en moi que ça c’est compliqué. Donc c’est une manière de se connaître et surtout d’être en perpétuel chemin de progression vers soi, non pas pour s’accabler ou pour s’accuser de tous les maux quand ça ne fonctionne pas, mais pour être parfaitement responsable de sa vie, de ses choix et de s’impliquer. Et c’est plus efficace de se dire qu’on peut se changer soi parce que évidemment, changer l’autre, j’ai pas une bonne nouvelle, ce sera plus compliqué, c’est pas possible. Donc au moins on peut faire quelque chose, c’est-à-dire s’occuper de soi.

Maud Andréa

Donc si je comprends bien, ce chemin vers soi et l’auto-observation, c’est par cette formation, l’ennéagramme. Si on comprend nos fonctionnements, nos mécanismes de ce qui nous motive ou ce qui peut nous mettre en tension, ce qui nous stresse, c’est arriver à les détecter dès le début et à comprendre ce qui peut nous déstabiliser ou comprendre pourquoi on s’entend pas bien avec quelqu’un et de pouvoir faire le travail sur nous, de pouvoir avoir un autre type de réponse ou de réagir différemment en ayant cette conscience et cette connaissance de soi. 

Delphine De Courville

Cette conscience va nous permettre de relativiser, de se mettre à la façon d’un drone, c’est-à-dire savoir faire un pas de côté et de se dire qu’est-ce qui est plus factuel et qu’est-ce qui est de l’ordre de l’interprétation parce que je suis sous stress. Et ensuite, quelles sont les clés pour moi pour améliorer, pour faire tomber le stress, parce que l’ennéagramme nous permet aussi d’aller chercher ça. Donc à partir du moment où on fait ça pour soi, on va pouvoir mieux relationner, être davantage dans l’empathie et  voir l’autre comme quelqu’un qui nous complète que comme quelqu’un qui ne nous comprend pas. Car bien souvent, si on n’est pas au courant que l’autre ne voit pas les choses de la même manière, on va plutôt le vivre comme un adversaire. Alors qu’en réalité, voir l’autre d’une manière complémentaire, c’est plus positif, plus porteur. Et puis là il n’y a pas de jugement, toi tu es comme ci, toi tu es comme ça. Ça c’est la théorie, en réalité c’est beaucoup plus difficile à faire. Mais en étant attentif à soi, on repère régulièrement les petites choses et on progresse. Et le but du jeu c’est de progresser, ce n’est pas de se dire je suis parfait ni de se dire je suis comme ça et l’autre doit me prendre tel que je suis, point. Non, l’idée au travers cette dynamique est de faire un pas vers soi, et en faisant un pas vers soi, on fait un pas vers l’autre. 

Maud Andréa

Au quotidien, ça peut aider dans les relations de couple, dans les relations avec les collègues ou avec ses enfants grâce à notre compréhension de notre paire de lunettes à nous, et donc de leur paire de lunettes pour que, dans certaines situations de conflit, réussir à trouver un terrain d’entente. 

Delphine De Courville

Exactement. Et puis il s’agit de faire un pas vers l’autre en essayant de se mettre non pas à sa place, mais de faire l’effort de voir ce qu’il voit. Et chaque base va avoir sa dynamique énergétique, va avoir son vocabulaire, va avoir ses moteurs, va avoir ses freins. Donc de connaître ça, c’est super parce que ça nous permet d’être plus au diapason. 

Maud Andréa

Si l’ennéagramme définit neuf lettres, donc neuf personnalités, est-ce que ça signifie que nous sommes tous différents et qu’on arrive à mettre tout le monde dans neuf cases ? Est-ce que ça veut dire que si on est dans une certaine base, on ressemble à toutes les personnes qui sont dans la même base ?

Delphine De Courville

Il y a deux choses sur lesquelles je vais m’arrêter.

La première, c’est qu’être dans une base, ça n’est pas étiquetant, même s’il y a neuf bases ou neuf types de personnalité. Ça n’est pas limitant du tout. Ce n’est pas une étiquette qu’on va mettre sur la tête de quelqu’un, parce que c’est parfois le reproche qui peut être fait au modèle de personnalité. L’ennéagramme n’est pas du tout enfermant, c’est comme un cycle de neuf, et on retrouve ce cycle bien souvent dans tous nos processus de vie. C’est assez intéressant quand on creuse le modèle et qu’on l’applique à notre quotidien, on se rend compte que tout est un cycle de neuf et que parfois, quelle que soit notre base, on peut être coincé dans un des processus. Donc ça nous permet aussi, quand on va un peu plus loin, de comprendre ça. Il y a neuf personnalités, mais ce ne sont pas neuf boîtes fermées. C’est comme si une maison avait neuf pièces, et parce que la vie est ainsi faite, on s’est habitué à être dans une pièce, à visiter une pièce et à s’y installer naturellement. Et puis peut être qu’il y a une ou deux autres pièces à proximité pour lesquelles la signalétique est assez facile, et on va naviguer, mais le reste de la maison n’est pas occupé. Ça ne veut pas dire que ces pièces là n’existent pas, que ces énergies n’existent pas, mais qu’on est naturellement proche de cette dynamique et que c’est comme ça qu’on s’est construit maintenant. Ce n’est pas parce qu’on habite tous ou qu’on visite tous la même pièce de cette maison, qu’on est tous les mêmes. C’est un modèle qui est assez complexe, qui est beaucoup plus subtil qu’il n’y paraît. Ce n’est pas seulement neuf bases, c’est une dynamique qu’on appelle les sous-types ou les instincts. Dans l’ennéagramme, c’est comme si sur le tarmac, il y a neuf avions et que chaque avion a un moteur particulier. Et dans l’ennéagramme, on dénombre trois moteurs, c’est-à-dire le moteur survie, le moteur tête-à-tête et le moteur social. 

Maud Andréa

Ce qui va donner une subtilité qui vient peaufiner chacune des bases à l’intérieur de chacune, il y a encore trois sous-types ou trois instincts qui vont s’exprimer et qui vont encore plus différencier telle ou telle personne. 

Delphine De Courville

Exactement. Ce qui nous fait non plus 9, mais 27 options. Et c’est ce moteur qui va colorer la personnalité.

Maud Andréa

Peux-tu nous donner un aperçu d’une caractéristique pour chacun de ces sous-types ?


Delphine De Courville

Le sous-type survie, comme son nom l’indique, fait un focus plutôt sur tout ce qui est de la survie, c’est-à-dire les ressources, la santé, le nid, le foyer, les siens, donc les besoins de base, les ressources au sens large. Donc la coloration du verre de sa paire de lunettes est le prisme qu’elle va porter sur les choses qui sera orienté survie, ressources, foyers, etc. 

Maud Andréa

Est-ce ce type de personnes qui ont dévalisé les rayons de papier toilette pendant le confinement ? 

Delphine De Courville

Ça peut, parce qu’il y a ce prisme des ressources, de mettre en sécurité le foyer, avoir ce dont on a besoin à la maison. On peut apporter une attention particulière aux courses, mais pas seulement. Ça peut être aussi à la santé, au cocon, à la maison, aux assurances. Selon chacune des bases, selon son besoin à elle, ça aura une coloration un peu différente.

Et pour le sous-type des têtes-à-tête, pareil. Le focus va être mis sur la relation, c’est-à-dire la relation avec quelqu’un, mais la relation aussi avec quelque chose. Donc ça peut être quelqu’un qui peut passer des heures au téléphone, qui peut s’arrêter de faire ce qu’il a à faire pour privilégier la relation à un moment donné, qui peut aussi avoir des difficultés à s’arracher d’une série Netflix ou d’un super bouquin. C’est comment je relationne intensément avec l’autre, ou avec quelqu’un, ou avec quelque chose. 

Et le sous-type social, même chose. C’est assez éclairant, c’est-à-dire que la personne va avoir besoin, pour se ressourcer, de le faire auprès des autres. Elle va être très orientée collectif, elle va réseauter. Donc là, on peut retrouver des gens qui connaissent toujours quelqu’un, qui connaît quelqu’un, qui connaît quelqu’un. Ça peut être aussi une personne qui va s’investir dans une association, dans un bureau d’étudiants pour les plus jeunes, etc. Et c’est vraiment une nécessité, c’est le moteur, ce n’est pas quelque chose qu’on peut mettre de côté, c’est vraiment quelque chose qui fait avancer le système.

Et c’est souvent ce qu’on voit le plus chez l’autre, davantage son sous-type que sa base en elle-même. Par exemple, je fais la caricature : dans une fête, le survie est celui qui va s’assurer qu’il y ait assez de nourriture, admettons que ce soit lui qui ait organisé la fête. Il va être particulièrement attentif à ce qu’il y ait suffisamment de boissons, de petits fours, que tout le monde ait ce dont il a besoin. Le tête-à-tête est celui qui va relationner, mais qui va discuter avec une personne. Et parfois, donc il ne peut pas discuter forcément 5 min avec une personne, mais d’une manière intense et profonde, avec peut être une, deux, trois personnes dans toute la soirée. Et puis le social, c’est celui qui va présenter telle personne à telle personne. Naturellement, ils savent faire ce lien là. Donc chacun est différent et c’est chouette parce que chacun a sa pierre à apporter à l’édifice. Et donc en fonction des bases, on aura des tonalités différentes, des motivations différentes derrière notre moteur.

Maud Andréa

Ce ne sont donc pas des comportements pour lesquels les personnes se forcent ? C’est quelque chose qui va se faire naturellement, sans que les gens s’en rendent compte ?

Delphine De Courville

Exactement. Et c’est ce qui va les ressourcer, qui va leur faire du bien, c’est-à-dire pour baisser leur stress, c’est automatiquement vers cela qu’ils vont se tourner. Quelqu’un qui est en survie, sous stress, il va avoir besoin de se replier. Quelqu’un qui est sous stress, en tête-a-tête va avoir besoin d’appeler un ami, de se confier, ça va être important pour lui. Et puis quelqu’un qui est sous stress et qui est en social va avoir besoin de rencontrer les autres, de sortir, etc. La nature est bien faite. C’est quelque chose qui nous permet de rester en équilibre. 

Maud Andréa

Quand tout cela se met en place ? Est-ce amené à changer au cours de la vie ?

Delphine De Courville

C’est une question qui revient souvent “Est-ce qu’on change de base ?” Car on peut tout à fait se reconnaître dans une base quand on était plus jeune, mais maintenant que les choses ont changé, on ne s’y reconnaît plus. Alors la base, c’est comme une empreinte digitale, elle est là. C’est comme la date et le lieu de notre naissance, c’est comme ça, ça ne bouge pas. En revanche, à l’intérieur d’une base, il y a des niveaux d’évolution. Et donc selon les moments de la vie, on peut être plus ou moins dégradé, plus ou moins évolué, et ce qui peut nous donner l’impression d’être moins ceci ou plus cela qu’avant. Mais on ne change pas de base, c’est quelque chose qui s’installe dans la petite enfance. 

Maud Andréa

On pourrait se dire que quand j’ai ma casquette de maman à la maison, ou quand j’ai ma casquette de Responsable RH dans une entreprise, je ne vais pourtant pas agir de la même façon. Mais finalement peu importe la casquette que l’on porte, on garde la même motivation intérieure ?

Delphine De Courville

Oui, on aura toujours cette motivation. On a un sous-type principal qui est survie, tête-à-tête ou social. Et il y a une troisième subtilité à tout ça, c’est que bien souvent, on va utiliser un deuxième sous-type, moins fréquemment que le premier. C’est comme une deuxième langue, la première langue on la parle naturellement, la langue maternelle. Et la deuxième langue, celle qu’on a appris à parler à l’école, admettons l’anglais, on peut aller dans les pays anglophones, on va se débrouiller, ça va aller, même si on ne la maîtrise pas. Et puis le deuxième sous-type, on l’utilisera assez rarement. Donc on arrive quand même à naviguer avec notre langue maternelle ou notre première paire de lunettes, et puis une deuxième. Effectivement,même si le contexte change, il y aura toujours notre base première qui peut être teintée d’un autre sous-type, teintée d’une autre base, qui sera peut-être notre base voisine. Parce que sur le cercle, ces neuf chiffres sont posés, mais ils sont tous reliés par des flèches. Et ces flèches sont comme des voisins. C’est comme quand on habite dans une rue, on va peut être plus naturellement demander à notre voisin de gauche le sel et le sucre. Le voisin de droite, on le connaît pas, et le voisin d’en face, on va lui emprunter de la farine. On n’est pas enfermé, c’est un modèle qui est évolutif, et c’est l’intérêt de la dynamique, parce qu’à l’origine, on arrive au monde comme un bébé, c’est-à-dire avec l’ensemble de ses potentiels, l’ensemble des cadeaux qu’on apporte au monde. Mais il y en a un qui va être plus présent que les autres, qui va être davantage celui qu’on va incarner. Et ce qui est formidable dans ce modèle, c’est que chacune des bases apporte son cadeau au monde, son cadeau à l’univers. Et c’est pour ça aussi que l’endroit où j’ai été formée, qui est le HPEI en Belgique à Louvain-la-Neuve, un des meilleurs centres de formation à l’ennéagramme au monde, qui a d’ailleurs aidé la science à développer un test scientifique. Donc les gens peuvent faire ce test via un coach certifié habilité à utiliser le test. Dans ce centre, tous les mots qu’on associe habituellement dans la littérature aux numéros ont été enlevés. 

Maud Andréa

Quand j’ai regardé sur Internet, effectivement, il y avait des mots autour du protecteur, du battant, du loyal, etc. Et spontanément en voyant ces noms, je me projetais sur ce qui est un loyal pour moi ou ce qui est un protecteur. Et forcément on n’a pas tous la même définition des mots qu’on va attribuer à chacune des bases. 

Delphine De Courville

Exactement. Pour moi ça a été une révélation parce que je transmets l’ennéagramme depuis quelques années maintenant et j’ai trouvé très pertinent d’enlever ces mots et plutôt parler d’énergie ou du cadeau de chaque base. Parce que sinon on va s’accrocher à un mot et on peut avoir de la réactivité avec les mots et on va passer x heures, x jours à se dire moi je veux être ceci ou je ne veux pas être cela. Alors que c’est tellement réducteur un mot. On ne peut pas résumer une ambiance, une dynamique à un mot. Donc c’est beaucoup plus fluide depuis que ces mots ont été évacués.

Maud Andréa

Comment définir cette notion de cadeau ? Est-ce quelque chose qu’on sait naturellement mieux faire que les autres ? Par exemple, quel serait le cadeau d’une personne de base 6 ?


Delphine De Courville

On va dire que c’est un “don” ou un talent particulier. Par exemple, la base 6 a le cadeau de l’éveil, c’est-à-dire qu’elle est très éveillée et elle va voir et sentir à 360 tout ce qui est là, tout ce qui est présent, tous les stimuli, et elle peut voir ce qui est visible, ce qui est derrière, ce qui est invisible, etc. Elle a une capacité d’éveil plus, plus, plus. Évidemment, cette capacité d’éveil va entraîner la vigilance, etc. Mais toutes les bases ont un cadeau. La base 3 a le cadeau de la brillance, c’est-à-dire qu’elle a le don de voir ce qui brille, elle va être comme un panneau photovoltaïque et va être capable de recevoir cette lumière et de la faire rayonner sur les autres et sur elle.

Donc quand on voit les bases sous l’angle du cadeau qu’elles apportent au monde dans la relation, on est beaucoup moins dans la compétition, dans la comparaison, parce qu’on va se dire que telle personne m’amène ce don, il me fait voir les choses de cette manière, ce qui est plus compliqué pour moi. Et moi je vais lui amener cette manière de voir aussi et tout se complète. Par exemple, dans une équipe ou au travail, c’est formidable de ne pas avoir que des personnes qui nous ressemblent, mais d’avoir des personnes complémentaires et pouvoir s’appuyer sur le talent de chacun.

Maud Andréa

Est-ce que ce sont des moteurs, des motivations que tu peux percevoir chez les enfants ?

Delphine De Courville

Oui, le sous-type peut-être visible plus facilement selon les enfants, je dirais que c’est entre trois et six ans. Globalement, le moment où la personnalité est la plus visible, c’est au moment de l’adolescence, parce que par nature, l’énergie est grandissante, c’est un peu l’apothéose dans le sens égocentrisme, mais dans le joli sens du terme. C’est-à-dire que les adolescents sont très orientés sur eux. Donc c’est assez visible chez les ados et les jeunes. Donc si on est sensibilisé en tant qu’adultes à ça, c’est formidable parce qu’on peut accompagner ses enfants ou accompagner des ados ou des jeunes d’une manière beaucoup plus pertinente, comme si on se mettait sur le même diapason. C’est toujours plus sympa si on se met sur la même fréquence que l’autre pour parler. 

Par exemple, j’ai un fils qui va avoir 20 ans et je sais qu’il a besoin d’être stimulé, de challenges, de réussir, de se mettre en mouvement, c’est sa manière de fonctionner. Donc si je lui dis attention, ne fais pas ça, parce que ceci ou cela avec ma paire de lunettes, lui va le vivre comme si je le retenais, alors que ce n’est évidemment pas mon intention, mais ça pourrait être perçu de cette manière là parce que lui a son propre prisme de voir les opportunités alors que mon prisme est plutôt l’éveil, d’anticiper tout ce qui pourrait lui arriver, tous les obstacles rencontrés. Donc ça peut être très complémentaire.

L’idée c’est de se nourrir de chacun pour se dire lui m’amène cette perception des choses, maintenant je vais essayer d’intégrer cette dynamique, et c’est plus intéressant. Mais pour revenir aux jeunes et notre manière de communiquer avec eux, quand mon fils a commencé à passer des examens significatifs, le baccalauréat, les concours de grandes écoles, etc., pour lui c’était le moment crucial, c’était un vrai challenge. Il ne voulait pas faire de prépa, j’ai dit ok, mais débrouille toi pour décrocher une école dans le top 5. 

Maud Andréa

Donc tu l’as amené sous la dynamique du challenge ?

Delphine De Courville

Exactement. Et très naturellement, il a su se mettre en ordre de marche pour aller chercher cette opportunité, la saisir et en faire quelque chose. Et ça a fonctionné. 

Maud Andréa

Ce n’est donc pas uniquement faire plaisir à sa maman, mais surtout cette mise en fréquence d’avoir compris que ce qui était important pour mon fils, que son moteur interne est le challenge, la mise en mouvement, pouvoir briller, et de l’amener naturellement à sa recherche d’étude de cette façon.

Delphine De Courville

Exactement. Si on apprend à parler quelques mots de la langue de l’autre, on a plus de chances de se comprendre. C’est comme si on essayait de faire aimer la littérature à son enfant, qu’on aime les auteurs du XIX° siècle et que lui ne jure que par les mangas. Si on essaye de se convaincre mutuellement, chacun reste dans sa pièce, chacun va camper sur ses positions et ça va être un peu compliqué. En revanche, si j’essaye d’expliquer la littérature du XIX° siècle en utilisant le langage et les codes du manga, ça peut être davantage à la portée de l’autre et inversement. L’intérêt est donc de pouvoir communiquer. Il est important de le préciser car on peut voir ces modèles de personnalité comme une possibilité de manipuler l’autre. Si je connais la langue de l’autre, je vais pouvoir le manipuler et obtenir ce que je veux. Bien évidemment, ça n’est pas du tout l’éthique ni le principe de l’ennéagramme. Ici c’est de rencontrer l’autre et non pas prendre le pouvoir. Il n’est absolument pas question de manipulation. 

Maud Andréa

La formation à l’ennéagramme est-elle ouverte à tout le monde ? Est-ce qu’il y a des prérequis particuliers ? Est-ce plus pour les thérapeutes ou pour ceux qui sont dans le développement personnel ?

Delphine De Courville

Tout le monde peut se former en ennéagramme. Il n’y a pas de prérequis si ce n’est avoir un intérêt pour la nature humaine, pour l’autre et pour soi bien entendu. Tout le monde peut le faire. Ça fonctionne très bien avec les adolescents parce que leur personnalité est à son plus haut point dans ces années-là, donc c’est très visible. Et ils sont assez curieux et intéressés par l’autre, donc effectivement c’est aussi le bon moment parce qu’ils sont beaucoup moins cuirassés que les adultes. Donc c’est très sympa pour eux de découvrir aussi. Et puis ça les aide pour comprendre ce qui se passe en eux et ne pas se sentir différent et du coup s’isoler, ou ne pas se sentir supérieur et manipulé, ou ne pas se sentir étrange et incompris, etc. Donc ça permet aussi de les aider à grandir et à nourrir qui ils sont d’une manière.

Maud Andréa

Et ça pourrait également être intéressant pour des couples, ou pour des parents avec leurs enfants et comprendre ce qu’il peut se passer dans certains cas de figure. 

Delphine De Courville

Exactement. En formation, il est arrivé qu’on ait des couples qui viennent ensemble. On peut le faire avec sa mère, on peut le faire avec un ami, un frère, etc. Au contraire, plus il y a de l’interaction et mieux c’est. 

Maud Andréa

Ça peut également être bénéfique pour le monde de l’entreprise, potentiellement des dirigeants ou tout simplement des managers qui voudraient un peu d’aide dans les relations qu’il peut y avoir avec différents membres d’une équipe.

Delphine De Courville

Exactement, il y a des projets qui sont en cours par rapport au monde de l’entreprise. Effectivement on peut accompagner à titre individuel, faire un coaching de dirigeant grâce à l’ennéagramme pour qu’il puisse comprendre comment il fonctionne, ses atouts, ses zones rouges, etc. Et lui permettre d’avoir des billes pour manager et percevoir ce qui se joue dans son équipe. Évidemment ça peut être tout à fait jouable aussi en collectif. L’avantage c’est que depuis quelques années, le HPEI a aidé la science à développer ce test scientifique, donc c’est une valeur, c’est un sésame pour l’entreprise. L’entreprise est quand même très orientée thèse – validation. Même si la plupart des thèses qu’elle utilise jusque-là n’a pas de tests scientifiques, elle n’a que des tests qui ont été éprouvés par les nombreuses utilisations. L’ennéagramme est un des deux tests validés scientifiquement au monde, le premier étant le big five, donc c’est une valeur sûre. Maintenant, il faut mettre ça en avant, le faire connaître. L’avantage de l’ennéagramme c’est que la science a validé neuf paramètres pour les neuf bases et le big five, comme son nom l’indique, cinq, c’est assez complet. Donc c’est un sésame qui n’est pas neutre pour l’entreprise, c’est plutôt rassurant, ça permet d’évacuer toutes les croyances qui pourraient avoir autour des tests de personnalité comme c’est new age, c’est enfermant, c’est réducteur, etc. La manière dont j’ai appris à le transmettre est très évolutive et pas du tout enfermante. Donc pour l’entreprise, oui effectivement, c’est aussi du bonheur. 

Maud Andréa

Tu as aussi cette casquette d’être la fondatrice et la directrice d’une école de formation en kinésiologie. Avec cette casquette, tu apportes aussi une dimension de par le métier que tu enseignes depuis plusieurs années maintenant ?

Delphine De Courville

Oui, à préciser aussi que les gens de l’extérieur peuvent venir suivre nos formations, bien entendu. Alors pourquoi avoir intégré l’ennéagramme dans la formation en kinésiologie ? Parce que le kinésiologue, c’est aussi un aidant et il est important, en tout cas c’est notre singularité, notre signature Auranesis, de faire en sorte que tous les kinésiologues qui sortent de chez nous soient formés à toute la dynamique de la relation d’aide, et ça c’est important. Et d’avoir ces repères, d’être formés à l’ennéagramme, permet non seulement de se connaître soi et de ne pas tomber dans nos travers quand on accompagne l’autre, ne pas projeter, repérer aussi ce qui se joue chez l’autre d’une manière un peu subtile, plus énergétique, et bien sûr d’entrer en relation avec le client d’une manière subtile, selon notre moteur, selon notre base, on ne va pas interagir de la même manière. Donc parfois avec une maladresse, un langage qui n’est pas approprié ou une mauvaise interprétation, on peut générer un stress chez l’autre, alors que nous, le but du jeu, c’est de permettre à la personne de se sentir dans un environnement de confiance, de se sentir bien, de pouvoir ouvrir la porte pour qu’elle puisse déposer ce qu’elle a à déposer. Donc l’ennéagramme est très utile pour les accompagnants pour avoir une relation de qualité, beaucoup plus fine. 

Maud Andréa

Combien combien de temps dure cette formation ? 

Delphine De Courville

On a trois blocs de deux jours, donc c’est totalement accessible. C’est une formation de six jours qui permet d’avoir les rudiments. Comme tous les tests de personnalité, c’est l’expérience qui fera que notre bibliothèque interne va se nourrir. Ce n’est pas de la théorie, il faut l’utiliser dans son quotidien, il faut pratiquer, il faut s’auto-observer et une fois qu’on a les rudiments, on va pouvoir continuer à alimenter ça dans son quotidien. Donc c’est une fois deux jours pour l’apprentissage des bases, pour découvrir ses bases, et ensuite deux jours pour les fameux moteurs, les sous-types ou les instincts. Et ensuite deux jours pour l’interaction entre les bases parce que c’est intéressant de savoir ce qui nous rassemble et ce qui nous sépare les uns des autres. 

Maud Andréa

Est-ce qu’il y a des gens pour qui la formation fait peur ? Parce que revenir sur les bancs de l’école peut être intimidant.

Delphine De Courville

Alors on n’est pas du tout en mode théorie, avec un manuel, un fascicule, etc. Au départ je ne donne rien, et on va simplement visiter chacune des bases, chacune des énergies dans son corps pour voir si cette dynamique me ressemble ou si je m’en sens éloignée, si là j’ai l’impression de rentrer comme dans une pantoufle, ça me ressemble ou pas. Donc expérimenter comme on le faisait à l’époque, avant qu’il y ait des livres, là c’est par la tradition orale où on s’observe, on observe les autres aussi, donc au travers d’exercices corporels, des exercices d’auto-observation, d’observation de l’autre. Le test et les bouquins sont dans un deuxième temps pour avoir un peu de nourriture. Parce que si on apprend l’ennéagramme au travers du livre, on va l’intégrer au travers de sa tête et donc tout le monde n’a pas cette énergie dominante, c’est déjà un premier filtre et c’est dommage, mieux vaut l’expérimenter dans son corps et voir comment la dynamique se passe. Pour les interactions entre les bases, c’est au travers des situations concrètes de vie que les gens vivent, comme je suis en difficulté avec ma collègue de travail pour ceci, à la maison ceci me pose problème et c’est un écueil dans lequel on tombe régulièrement, avec mon enfant il y a toujours ce problème qui se pose, etc. Et on essaye à l’aide d’un tapis au sol sur lequel il y a le schéma et on va pouvoir bouger d’une base à l’autre, d’expérimenter ce que je ressens. Si je me mets là, comment je me sens ? Comment je me sens si je me mets ailleurs ? Naturellement, quelle pourrait être la solution à ce moment précis ? Et les gens sentent très naturellement ce vers quoi ils ont besoin de tendre, ce qui pourrait faire tomber la tension, et c’est intéressant parce que c’est une découverte qu’ils font eux, je ne vais pas leur dire mets toi là. C’est un chemin que chacun fait à son rythme. Il n’y a pas d’injonction, c’est la personne qui doit découvrir qui elle est, et non pas moi qui vais dire tu es ceci ou tu es cela. Le test scientifique va nous aider, va être un support, mais ça ne va pas être une vérité absolue. Par exemple en coaching, on ne peut pas se dispenser d’un entretien individuel, ou en tout cas d’exercice, parce que selon l’état de la personne au moment où elle passe le test, à ce moment-là, elle peut être en difficulté. Et l’interprétation du test est assez subtile, donc il faut être formé pour ça. 

Maud Andréa

Si on est intéressé, que ce soit dans le domaine personnel ou professionnel, où peut-on se renseigner, trouver des informations, voire même te contacter au sujet de cette formation d’ennéagramme ? 

Delphine De Courville

Tout simplement sur le site Auranesis. Vous retrouverez toutes les informations. 

 

On peut envoyer un email à contact, que ce soit pour suivre les formations chez nous, ou pour un coaching individuel. Je répondrai à toutes vos questions et toutes vos demandes d’entretien sans problème. 

 

Points clés à retenir de ce podcast

  • L’ennéagramme identifie neuf types de personnalité, basés sur des motivations inconscientes, influençant nos actions et interactions quotidiennes.
  • Contrairement à d’autres outils, l’ennéagramme se concentre sur l’auto-observation pour comprendre ses motivations profondes et ses tensions internes.
  • L’ennéagramme est un modèle évolutif, permettant une meilleure gestion du stress et l’amélioration des relations interpersonnelles.
  • Cet outil est adapté au développement personnel et professionnel, est donc accessible et utile pour tous.

Dans la même catégorie

[Entretien] Les coulisses d’une reconversion réussie en kinésiologie : de cheffe de projet à kinésiologue

Dans cette nouvelle interview d’expert, Marie Ruer nous partage son cheminement et son expérience de reconversion professionnelle

L’Ennéagramme : un atout unique pour votre  formation en kinésiologie, découverte de soi et relations aux autres chez Auranesis

Chez Auranesis, notre engagement est de vous proposer des formations de kinésiologie alliant rigueur technique et connaissances

[Entretien] De biochimiste à kinésiologue : retour sur un parcours de reconversion réussi avec Auranesis (ANONYMAT) 

[Entretien] De biochimiste à kinésiologue : retour sur un parcours de reconversion réussi avec Auranesis (anonymat) Plongez