Résumé de la tribune :
Dans cette tribune, Maud Andréa explique comment les réflexes archaïques et l’éducation kinesthésique représentent deux facettes complémentaires d’une approche kinésiologique globale du développement humain. En adressant à la fois les fondements neuromoteurs et l’optimisation des processus d’apprentissage, ces pratiques offrent une perspective unique sur le fonctionnement de l’être humain. Leur application ouvre des possibilités passionnantes pour améliorer le bien-être et les capacités d’apprentissage des individus.
L’intégration de ces connaissances dans les domaines de l’éducation, de la santé et du développement personnel pourrait contribuer à une approche plus globale et personnalisée du développement humain. À mesure que la compréhension de ces mécanismes s’approfondit, nous pouvons espérer voir émerger des pratiques encore plus efficaces et adaptées aux besoins individuels, ouvrant ainsi la voie à un épanouissement optimal de chaque individu.
La kinésiologie, en tant que discipline alliant corps, émotions et équilibre énergétique, s’inscrit dans une approche globale de l’individu. Deux méthodes complémentaires se distinguent dans ce domaine : les réflexes archaïques et l’éducation kinesthésique (Edu-K). Bien qu’elles s’adressent à des publics variés et visent à traiter des problématiques distinctes, leur complémentarité s’articule harmonieusement pour favoriser un développement optimal de l’individu, de la petite enfance à l’âge adulte.
Dans cette tribune, Maud Andréa, kinésiologue et formatrice dans le réseau d’écoles Auranesis, partage son expertise sur ces deux méthodes, leur synergie et leur bienfaits sur les plans : physique, émotionnel et cognitif.
Les réflexes archaïques : fondements du développement moteur
Les réflexes archaïques constituent la base du développement sensori-moteur de l’être humain. Ces mouvements automatiques, rapides et involontaires apparaissent dès la vie intra-utérine, se développent et s’intègrent durant les premières années de vie. Ils jouent un rôle fondamental dans la construction des schémas moteurs et de la maturité du système nerveux de l’individu.
Origine et fonction des réflexes archaïques
Ces réflexes, véritables modes d’emploi du fonctionnement corporel, guident l’apprentissage de nos premiers mouvements. Par exemple, le réflexe d’agrippement palmaire, facilement observable chez le nourrisson, apprend à la main le mouvement de fermeture. À terme, il développera la motricité fine. D’autres réflexes concernent l’utilisation des pieds, des bras, de la colonne vertébrale ou encore le tonus du cou ou le maintien de la tête retracent les mouvements “de base” développés dans les premières années de vie.
Intégration et maturation
L’intégration des réflexes archaïques s’effectue principalement au cours de la première année de vie. Ce processus s’apparente à l’apprentissage d’une partition musicale, d’un mode d’emploi : initialement maladroit, le mouvement s’affine progressivement. La répétition du réflexe aboutira à une motricité contrôlée et adaptée, essentielle pour des tâches quotidiennes comme l’écriture ou la manipulation d’objets.
Conséquences d’une intégration incomplète
Une intégration incomplète des réflexes archaïques peut entraîner des difficultés variées. Sur le plan physique, cela peut se manifester par des tensions, un manque de mobilité, un tonus musculaire inadapté (ex. comme une pression excessive sur un stylo lors de l’écriture), une grande fatigabilité à l’effort, etc. Cependant, les implications vont au-delà de la sphère structurelle et peuvent affecter l’équilibre émotionnel de l’individu et ses aptitudes cognitives.
“Un réflexe mal intégré peut avoir un impact sur trois grandes sphères : physique - avec la motricité par exemple, émotionnel - mon seuil de tolérance au stress, comment j'interagis avec les autres, cognitif - la capacité à se concentrer, à mémoriser, tout ce qui a trait aux apprentissages.”
L’éducation kinesthésique : optimiser l’apprentissage par le mouvement
L’éducation kinesthésique, ou édu-K, est complémentaire aux réflexes archaïques dans le développement de l’individu. Cette approche se concentre sur l’optimisation des capacités d’apprentissage à travers le corps et le mouvement, s’avère particulièrement pertinente une fois que l’enfant a acquis la station debout.
Principes fondamentaux de l’édu-K
L’édu-K repose sur le postulat que le mouvement est intrinsèquement lié à l’apprentissage et au développement cognitif. Cette méthode vise à améliorer la communication entre les deux hémisphères du cerveau, favorisant ainsi une meilleure intégration des informations et une optimisation des capacités d’apprentissage.
Applications pratiques
Les mouvements d’édu-K incluent des exercices de coordination, d’équilibre et de stimulation sensorielle. Ces mouvements reprennent ceux que nous faisions naturellement quand nous étions petits. Ces activités sont conçues pour (re)créer et renforcer les connexions neuronales, améliorer la concentration et faciliter l’assimilation de nouvelles connaissances.
Par exemple, des mouvements croisés peuvent être utilisés pour stimuler la communication entre les hémisphères droit et gauche du cerveau favorisant la lecture, l’écriture, la motricité globale, les pensées séquentielles et synthétiques, tandis que des exercices d’équilibre peuvent améliorer la concentration et la stabilité émotionnelle.
“L’édu-K intervient dans les problématiques d'apprentissage au sens large : apprentissages scolaires, apprentissages de vie. Par exemple, je reçois en cabinet des personnes qui n'arrivent pas à rencontrer des hommes/femmes dans une relation durable (apprendre à vivre auprès d’un homme/femme), ou qui ont des problématiques avec leur patron (apprendre à se positionner sous une figure d’autorité), ou qui ont l'impression de ne pas pouvoir s'intégrer dans leur famille (apprendre à faire partie d’un clan), etc. Ce sont des apprentissages de vie, pour des personnes qui ont vécu des difficultés, des stress dans leur histoire de vie, et qui vont resurgir dans la vie actuelle.”
Une forte complémentarité des réflexes archaïques et de l’éducation kinesthésique
La synergie entre les réflexes archaïques et l’éducation kinesthésique offre une approche complète du développement humain, couvrant les aspects moteurs, cognitifs et émotionnels.
Continuum développemental
Les réflexes archaïques posent les fondations neuromotrices dès la vie intra-utérine, tandis que l’édu-K prend le relais pour affiner et optimiser ces acquis tout au long de la vie. Cette continuité assure un développement harmonieux et cohérent de l’individu.
Optimisation des apprentissages
L’intégration réussie des réflexes archaïques prépare le terrain pour une application efficace des techniques d’édu-K. Un système nerveux bien organisé grâce à l’intégration des réflexes facilite l’acquisition de nouvelles compétences via l’édu-K.
Approche globale
En combinant ces deux pratiques, la kinésiologie adopte une vision globale de l’individu. Les réflexes archaïques posent les fondations sensorielles et motrices, tandis que l’édu-K se concentre sur l’optimisation des processus d’apprentissage et de développement personnel.
“Les réflexes archaïques sont les premiers jalons qui nous ont construit sur nos trois sphères physiques, émotionnelles et cognitives, et qui font les êtres humains que nous sommes. Sur ce socle, de nouveaux apprentissages vont se mettre en place et ce jusqu'au bout de notre vie. Et donc l'approche de l'édu-K a pour but, grâce aux mouvements du corps, de libérer les stress et faciliter les différentes phases d’apprentissage.”
Des mises en application offrant des résultats probants et positifs
La compréhension approfondie des réflexes archaïques et de l’éducation kinesthésique ouvre de nombreuses possibilités de bien-être, particulièrement bénéfiques pour les enfants présentant des difficultés d’apprentissage ou de comportement.
Intervention précoce
L’identification et le travail sur les réflexes archaïques mal intégrés vont donc aider à dépasser les difficultés diverses. Cette approche s’avère particulièrement efficace chez les jeunes enfants, pour qui les apprentissages sont nombreux et le développement du système nerveux important.
Soutien aux apprentissages
L’édu-K offre des outils concrets pour soutenir les enfants dans leurs apprentissages scolaires. Des exercices spécifiques peuvent être utilisés pour améliorer la concentration, la mémoire ou la coordination, facilitant ainsi l’acquisition de compétences académiques.
Gestion du stress et des émotions
Les techniques issues de ces deux approches peuvent également être appliquées pour améliorer la gestion du stress et des émotions. En travaillant avec le corps, en sécurisant notre système nerveux et en optimisant la communication cérébrale, ces méthodes contribuent à un meilleur équilibre émotionnel.
Des perspectives d’avenir encourageantes pour une meilleure intégration dans le quotidien
Le domaine de la kinésiologie, et plus particulièrement l’étude des réflexes archaïques et de l’éducation kinesthésique, continue d’évoluer. Des recherches sont en cours pour approfondir la compréhension des mécanismes neurologiques sous-jacents et pour affiner les techniques d’intervention.
Neuroplasticité et développement
Les avancées en neurosciences, notamment dans le domaine de la neuroplasticité, ouvrent de nouvelles perspectives pour ces pratiques. La capacité du cerveau à se remodeler tout au long de la vie soutient l’idée que des interventions ciblées peuvent avoir un impact significatif, même à l’âge adulte.
Intégration dans les systèmes éducatifs
L’incorporation de principes issus de l’édu-K dans les systèmes éducatifs traditionnels représente une piste prometteuse. Des programmes pilotes intégrant des exercices de Brain Gym® (une forme d’édu-K) dans les écoles ont montré des résultats encourageants en termes d’amélioration des capacités d’apprentissage et de concentration des élèves.
Approches personnalisées
La tendance actuelle vers une éducation personnalisée, par le corps et le jeu, trouve un écho dans ces pratiques kinésiologiques. L’évaluation individuelle des réflexes archaïques et l’adaptation des techniques d’édu-K aux besoins spécifiques de chaque personne ouvrent la voie à des interventions sur-mesure, maximisant ainsi leur efficacité.
“On parle beaucoup des enfants, mais ça peut aussi être pour les personnes âgées. À partir du moment où elles bougent moins, ont moins d'interactions sociales, se sédentarisent, etc., il y a un impact sur toutes les sphères : physiquement, cognitivement et émotionnellement. Dans les maisons de retraite, pourquoi pas proposer des interventions avec des outils de l'édu-K et des réflexes en adaptant les mouvements pour maintenir le corps en mouvement et favoriser un bien-être global.”
Conclusion
La kinésiologie, à travers ses approches complémentaires des réflexes archaïques et de l’éducation kinesthésique, offre une perspective holistique sur le développement et le bien-être humain. En intégrant ces deux aspects, les praticiens peuvent aborder de manière globale les défis moteurs, cognitifs et émotionnels de leurs clients.
L’efficacité de cette approche combinée repose sur une compréhension approfondie des mécanismes neurologiques sous-jacents et sur une application rigoureuse des techniques. La formation continue et l’échange entre professionnels sont essentiels pour maintenir et améliorer la qualité des pratiques utilisées.
À mesure que la recherche progresse et que la compréhension du cerveau s’affine, la kinésiologie est appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans le domaine du bien-être et du développement personnel. L’intégration des connaissances sur les réflexes archaïques et l’éducation kinesthésique ouvre la voie à des interventions toujours plus ciblées et efficaces, promettant des avancées significatives dans la prise en charge de la gestion du stress, du développement physique et des apprentissages.
